Vous vous demandez pourquoi certaines interfaces web plaisent aux internautes et d’autres pas ? Intuitivement, vous vous dites qu’une bonne ergonomie et un design de qualité doivent assurer une bonne appréciation du public. Toutefois, face aux nombreux choix que vous êtes amenés à faire, il n’est pas toujours facile de juger et de décider de la meilleure interface !
En réalité, il existe plusieurs concepts éprouvés permettant de réaliser des interfaces appréciées par une grande majorité des utilisateurs et à moindre coûts. À travers cet article, je vais vous présenter quatre concepts incontournables qui pourront vous aider à prendre les bonnes décisions pour l’interface de votre site web.

Loi de Pareto (règle des 80/20)

Appelée aussi règle des 80/20, la loi de Pareto affirme que seulement un faible pourcentage de variables est à l’origine d’un pourcentage élevé d’effets.
Cette règle est utile pour concentrer les ressources et ainsi concevoir une meilleure efficacité de l’interface.
La règle des 80/20 est observée dans différents domaines comme l’économie, le management, le contrôle de qualité, l’ingénierie, pour n’en nommer que quelques-uns. Les pourcentages spécifiques ne sont pas importants, la proportion de variables varie entre 10 et 30%.
Quelques exemples de la règle des 80/20 :

  • 80% de l’utilisation d’une interface implique 20% de ses fonctionnalités.
  • 80% du trafic d’une ville provient de 20% de ses routes.
  • 80% du chiffre d’affaires d’une entreprise provient de 20% de ses produits.
  • 80% de l’innovation vient de 20% de la population.
  • 80% du progrès vient de 20% de l’effort.
  • 80% d’erreurs sont causées par 20% des composants.

Dans une interface web, tous les éléments ne sont pas égaux. En utilisant la règle des 80/20 nous pouvons évaluer la valeur des éléments, cibler les zones de refonte et concentrer les ressources de manière efficace. Les fonctionnalités les moins importantes, qui font partie des 80% doivent être minimisée ou supprimée du site web. Quand le temps et les ressources sont limitées, il faut limiter les efforts pour corriger et optimiser l’interface au-delà des 20% de fonctionnalités critiques.

Accessibilité

Les interfaces web devraient être conçues pour être utilisées sans modifications par le plus de monde possible.

Historiquement, le concept d’accessibilité s’adresse aux personnes ayant des handicaps. Maintenant, il est de plus en plus évident que le concept d’accessibilité est bénéfique à tout le monde, notamment avec l’arrivée des smartphones et des tablettes tactiles.
L’accessibilité se caractérise par quatre éléments : la perceptibilité, la maniabilité, la simplicité et la tolérance.

La Perceptibilité est acquise quand tout le monde peut percevoir l’interface quelles que soient ses habilités sensorielles. Voici des lignes directrices pour améliorer la perceptibilité :

  • Présenter les informations en utilisant des méthodes redondantes (ex. : textuelle, iconique, sonore)
  • Assurer la compatibilité avec des technologies d’assistance sensorielle (ex. : les balises ALT des images sur l’Internet)

La Maniabilité est acquise quand tout le monde peut utiliser une interface quelles que soient ses habilités physiques. Voici des lignes directrices pour améliorer la maniabilité :

  • Minimiser les actions répétitives
  • Faciliter l’utilisation des commandes en suggérant leurs utilisations et en mettant en place de bonnes contraintes

La Simplicité est acquise quand tout le monde peut comprendre l’interface quelles que soient son expérience, son niveau d’étude ou sa concentration. Voici des lignes directrices pour améliorer la simplicité :

  • Supprimer toute complexité inutile
  • Créer et indiquer des contrôles de façon claire et cohérente
  • Présenter l’information de façon progressive
  • Fournir des instructions claires et des retours pour toutes les actions

La Tolérance est acquise quand l’interface minimise la fréquence et les conséquences d’une erreur. Voici des lignes directrices pour améliorer la tolérance :

  • Utiliser des actions intuitives et de bonnes contraintes pour prévenir les erreurs
  • Utiliser des confirmations et des alertes pour diminuer la fréquence des erreurs
  • Inclure des actions réversibles et des filets de sauvetage pour minimiser les conséquences d’une erreur

Coûts – Bénéfices

La navigation sera poursuivie que si ses bénéfices sont égaux ou supérieurs aux coûts.

Lors de la réalisation d’un site web, le principe du coût-bénéfice est généralement utilisé pour s’assurer de la rentabilité de nouvelles fonctionnalités ou de nouveaux éléments. Le principe du coût-bénéfice peut également être appliquée pour déterminer la qualité de l’interface d’un point de vue utilisateur. Si les coûts associés à la navigation d’un site web l’emportent sur les avantages, la réalisation est médiocre. Si les avantages l’emportent sur les coûts, la réalisation est bonne. Par exemple, marcher une certaine distance pour voir une exposition constitue un coût. Le niveau d’intérêt de l’exposition constitue un avantage. Ainsi, si le niveau d’intérêt l’emporte sur le coût de la promenade, la visite de l’exposition est bonne.

La qualité d’une interface peut être déterminée par ce principe. Quelle est la bonne longueur d’un texte pour faire passer un message ? Quel est le temps maximum qu’une personne est prête à attendre pour voir s’afficher une page web ? La réponse à ces questions dépend du bénéfice que l’utilisateur reçoit. Par exemple, il est souvent cité que le temps de téléchargement maximale acceptable pour les pages Internet est de dix secondes. Cependant, l’acceptabilité du temps de téléchargement dépend des prestations fournies par la page téléchargée. Une page qui a un bénéfice élevé peut plus que compenser le coût d’un téléchargement de plus de dix secondes. Ainsi, pour améliorer la qualité d’une interface, réduisez les coûts d’utilisation. Attention cependant, à ne pas les réduire au point de nuire aux bénéfices que l’utilisateur a de naviguer sur le site web.

Considérez le principe du coût-bénéfice dans tous les aspects de la réalisation. Ne prenez pas de décisions basées seulement sur des critères de coût sans tenir compte des bénéfices obtenus par les utilisateurs lors de la navigation. Vérifiez les coûts-bénéfices perçus auprès d’utilisateurs cibles grâce à des observations minutieuses, des groupes de discussion et des tests d’utilisabilité.

LE COMPROMIS Polyvalence-UTILISABILITÉ

Plus la polyvalence d’un site web augmente, plus la facilité d’utilisation du site web diminue.

Le compromis Polyvalence-Utilisabilité est lié à une maxime bien connue : celui qui sait tout faire, ne sait rien faire. Une interface polyvalente propose plus de fonctionnalités qu’une interface spécialisée, mais elle rend ses fonctions moins efficaces. Une interface polyvalente est par définition plus complexe et le résultat est souvent plus difficile à utiliser. Par exemple, le couteau suisse à de nombreux outils attachés qui augmentent sa polyvalence, mais chaque élément est plus difficile à utiliser que l’outil unique correspondant. Bien sûr, il offre une polyvalence que ne peut atteindre aucun des outils individuels. Le compromis Polyvalence-Utilisabilité existe, car prendre en charge la polyvalence implique de satisfaire un large ensemble de besoins ce qui signifie plus de compromis et de complexité dans l’interface.

En hypothèse un site web devrait toujours être aussi polyvalent que possible. Cependant, la polyvalence à un cout réel en terme de complexité, d’utilisabilité, de temps et de budget. Généralement, elle est uniquement rentable quand les futurs utilisateurs ne peuvent pas anticiper leurs besoins potentiels. Par exemple, les ordinateurs sont des dispositifs polyvalents qui sont difficiles à utiliser, plus difficiles par exemple qu’une console de jeux. Cependant, le principal avantage d’un ordinateur c’est qu’il répond à l’incertitude et permet une grande liberté dans son utilisation. On achète un ordinateur pour répondre à une variété de besoin, la plupart n’étant pas connue au moment de l’achat.

La capacité à anticiper les futurs besoins d’un produit est une des principales indications pour choisir entre la polyvalence et l’utilisabilité. Si vous savez clairement identifier vos besoins, des interfaces spécialisées qui visent particulièrement ces besoins doivent être favorisés. Alors que, si vous ne savez pas définir précisément vos besoins, ce sont des interfaces plus polyvalentes permettant de s’adapter qui doivent être favorisés. La mesure dans laquelle vous pouvez ou ne pouvez pas définir les besoins futurs de votre site web doit correspondre à la mesure de spécialisation ou de polyvalence de celui-ci. Lorsque le niveau de connaissance des besoins augmente, il est possible de spécialiser l’interface. Ce changement de la polyvalence vers la spécialisation est souvent observée et est à prendre en compte dans l’évolution de votre site web.

Ressources : Universal Principes of Design